En premier lieu, la famille est censée proposer un environnement dans lequel nous épanouir et nous sentir soutenu. Un endroit rassurant, comme un port où nous pourrions jeter notre ancre toute sécurité. Malheureusement, pour beaucoup, les liens familiaux peuvent devenir une source de stress et de mal-être. Identifier des relations familiales toxiques est une étape importante. Certains schémas relationnels nocifs peuvent s’installer et perdurer sur le long terme, se perpétuant même à travers les générations. Ainsi, de nombreuses études ont montrées que les différentes formes de maltraitances infantiles peuvent impacter durablement la vie d’une personne. Pourtant, il est possible de s’en affranchir. Cet article vous donne des clés pour identifier les dynamiques nocives et vous en protéger. Retrouvez votre bien-être en choisissant ce qui est bon pour vous, même si cela déplaît à votre famille.
1.Identifier les schémas toxiques: John Gottman
Selon le psychologue John Gottman, repérer les schémas nocifs au sein de sa famille est la première étape essentielle.
Les travaux du psychologue John Gottman ont permis de mettre en lumière certaines dynamiques de contrôle toxiques dans le couple, notamment :
- La critique : émettre de façon répétée des jugements négatifs sur l’autre.
- Le mépris : adopter un ton condescendant, se moquer.
- La défense : réfuter systématiquement les arguments de l’autre.
- Le blocage : refuser d’interagir et de dialoguer.
- L’invalidation : nier les perceptions et émotions de l’autre.
Ces attitudes visent à rabaisser, dominer et contrôler le partenaire. Elles créent un climat de méfiance et d’hostilité nocive pour la relation.
Gottman a également identifié des dynamiques de contrôle plus indirectes :
- Semer le doute sur la fidélité de l’autre
- Avoir des standards irréalistes
- Jouer la victime
- Recourir à l’humour blessant
Selon le psychologue John Gottman, repérer les schémas nocifs au sein de sa famille est la première étape essentielle pour identifier une relation potentiellement abusive.
2. Identifier les mécanismes toxiques dans les relations familiales : Monica McGoldrick
Il n’est pas toujours facile de déceler la toxicité quand elle s’immisce dans nos liens familiaux. Pourtant, repérer les interactions malsaines est primordial pour se protéger. La psychologue Monica McGoldrick recommande d’observer nos échanges familiaux à la manière d’un chercheur objectif.
Les travaux de la psychologue Monica McGoldrick ont mis en évidence certaines dynamiques malsaines dans les relations familiales, notamment :
- La loyauté invisible : pression implicite à se conformer aux attentes familiales.
- Le chantage affectif : culpabiliser l’autre s’il ne se plie pas aux règles familiales.
- Les secrets de famille : dissimuler certains faits pour préserver l’image de la famille.
- Les rôles figés : assigner à chacun un rôle prédéfini difficile à quitter.
- Le déni : refuser de reconnaître certains dysfonctionnements familiaux.
- L’idéalisation de la famille : présenter une façade harmonieuse de la famille.
- La transmission transgénérationnelle : reproduction inconsciente de schémas familiaux anciens.
Ces mécanismes visent à maintenir le contrôle du groupe sur l’individu et étouffer toute remise en question. Ils empêchent l’autonomisation et l’individuation psychique saine.
Selon McGoldrick, identifier ces dynamiques permet de prendre conscience du caractère toxique de certains fonctionnements familiaux.
3. Identifier des relations familiales toxiques: Carl Whitaker
Le psychiatre américain Carl Whitaker (1911-1995) est une figure majeure de la thérapie familiale systémique. Ses travaux ont permis de mieux comprendre les interactions délétères au sein des familles négatives. En fait, Whitaker a mis en évidence l’importance des messages contraignants véhiculés par les non-dits, les double-bind et autres paradoxes familiaux. Selon lui, identifier les distorsions de la communication est essentiel pour repérer la toxicité relationnelle. D’après le psychiatre Carl Whitaker, il est essentiel de prêter attention aux sous-entendus et non-dits. Parfois les enjeux ne sont pas clairement identifiables. Certaines personnes, peut être vos parents, peuvent avoir des stratégies de contrôle qui sont peu apparentes. Il est difficile de se défendre contre quelque chose de flou. Nous allons essayer ici de mettre en évidence certains de ces messages contraignants.
Les non-dits :
Les non-dits instaurent un climat de méfiance et d’incertitude relationnelle
- Eviter délibérément de féliciter ou valider les réussites de l’autre.
- Changer de sujet ou faire diversion lorsqu’un sujet déplaît.
- Taire certains reproches ou critiques, qui ressortiront plus tard.
- Répandre des rumeurs ou des critiques derrière le dos de l’autre.
- Rester évasif sur ses propres actions et motivations.
Quelques sous entendus:
Ces sous-entendus visent à déstabiliser l’autre, saper sa confiance en lui, l’isoler, le contrôler et entretenir un climat de malaise permanent dans la relation. Ils minent l’estime de soi et empêchent d’établir des liens de confiance sereins.
- « J’ai l’impression que tu nous évites en ce moment… » (sous-entendu : tu ne nous accordes pas assez de temps)
- « Tu sais bien que tu peux tout nous dire… » (sous-entendu : tu nous caches quelque chose)
- « Tu es souvent fatigué en ce moment ? » (sous-entendu : tu n’es pas vaillant)
- « Tu devrais passer plus de temps en famille… » (sous-entendu :et moins avec d’autres )
- « Nous, on sera toujours là pour toi. » (sous-entendu : pas forcément les autres)
- « Sois prudent avec untel, je ne lui fais pas confiance. » (sous-entendu : j’aimerai que tu t’éloigne de cette personne)
- « Tu es souvent irritable en ce moment… » (sous-entendu : tu deviens difficile à vivre)
Des chantages subtils:
- des chantages affectifs masqués « Je ne te demande jamais rien … », « Ta soeur aurait de suite proposé de m’aider ». « Après tout ce que j’ai fait pour toi ».
- Des critiques indirectes ou des agressions déguisées sous forme d’humour ? « Tu prends tout au premier degré, détends-toi un peu! » (Dévalorisation masquée), « Ah ces jeunes, pas capables de reconnaître un bon conseil ! Bon, tu verras quand tu te prendras le mur… »
- des tentatives de vous culpabiliser « Tu me déçois beaucoup sur ce coup-là. », » Tu es égoïste ».
La double contrainte : double-bind toxiques dans les relations familiales
Les double-bind visent à déstabiliser la personne pour la soumettre. Ils génèrent de la confusion, de la culpabilité, et abîment l’estime de soi.
- « Cesse de te plaindre et de jouer les victimes. » (interdiction d’exprimer ses sentiments)
- « C’est ton choix, mais sache que tes décisions ont des conséquences. » (menace voilée)
- « Bien sûr je te soutiens, mais je m’inquiète pour toi. » (soutien en apparence mais critique sous-jacente)
Identifier des relations familiales toxiques : Conclusion
En somme, si la famille est censée être un cocon bienveillant, elle peut dans certains cas devenir une source de souffrance. Lorsque s’installent des schémas relationnels toxiques faits de domination, de dénigrement et de chantage affectif, il est essentiel de savoir les identifier pour s’en protéger. En effets, les travaux de Gottman, McGoldrick et Whitaker nous éclairent sur ces mécanismes pervers qui visent à contrôler et rabaisser. Prenez le temps d’analyser posément ces dynamiques. Si vous percevez des schémas récurrents de domination, de dénigrement, de violence verbale, si peut s’agir de relations ou communications toxiques. Semer le doute, dévaloriser, contrôler, faire ingérence dans la vie privée, être jaloux, envieux, volonté de saboter les autres relations, volonté de savoir, de contrôler les faits et gestes, cultiver la peur pour garder sous contrôle… sont autant de raisons qui poussent une personne , un membre de notre famille à utiliser des stratégies de manipulation à notre égard.
Pour préserver votre équilibre, apprenez à décoder les sous-entendus, les fausses plaisanteries et les injonctions paradoxales. Posez des limites fermes aux tentatives de manipulation et accordez-vous le droit de prendre vos distances. Vous n’êtes pas tenu de tout accepter au nom des liens du sang. Choisissez votre bien-être et entourez-vous de relations qui vous permettent de vous épanouir pleinement. Il est possible de guérir de liens familiaux toxiques en priorisant votre bonheur.
Avez vous identifiez ce genre de comportements dans votre sphère familiale ?
Nous serions ravi que vous partagiez vos expériences avec nous.
Dans un prochain article nous verrons quels sont les moyens de nous protéger et libérer des liens familiaux toxiques.
Je reste à votre disposition si besoin
bien à vous
Il y'a 17 commentaires dans ce post
Merci pour cet article très intéressant. Il n'est pas toujours évident de détecter les relations toxiques familiales.
Avec plaisir, merci à vous pour votre retour.
Le plus difficile est d'admettre pour de bon que l'on puisse vivre avec des personnalités toxiques alors que nous sommes censés être aimés par notre famille.
Bonjour Elma, En effet, la prise de conscience est parfois douloureuse. Mais c'est une étape qui me semble indispensable pour pouvoir nous en affranchir et accéder à une plus grande sérénité. Merci pour votre retour .
Merci pour cet article qui me fait découvrir des auteur·e·s que je ne connaissais pas. J'ai seulement pris conscience autour de 40 ans que certaines de mes attitudes et mes comportements étaient très probablement liés à mon enfance, des blessures enfouies. Mais mes parents ont fait ce qu'ils ont pu avec ce qu'ils avaient et leurs propres blessures, comme je fais du mieux que je peux avec les miens. En revanche, comme tu le mets bien en évidence dans ton article, savoir identifier les petits messages toxiques pour dire stop et éviter le cercle vicieux et répétitif, c'est le plus important. Mais c'est vraiment pas facile !
Bonjour Virginie, Merci pour votre partage. Effectivement, si prendre conscience semble être le premier pas, le deuxième est la vigilance. Il existe différentes formes de thérapies qui permettent à l'inconscient de se désencombrer des schéma nocifs. Au cabinet, j'utilise l'analyse et la pratique de l'hypnose de pleine conscience pour réussir ce déconditionnement. La plasticité cérébrale, permet de nous réactualiser et de travailler à changer nos pratiques et évoluer. Il faut, je pense, un grand coeur et beaucoup de courage pour faire ce cheminement que vous avez entrepris . bravo et merci pour votre partage.
Ton article "Identifier des relations familiales toxiques" est éclairant. Tu abordes avec justesse et profondeur la complexité des dynamiques familiales toxiques, en mettant en lumière les travaux de John Gottman, Monica McGoldrick, et Carl Whitaker. Ta capacité à détailler les différents mécanismes de contrôle, de manipulation et les effets des non-dits dans les relations familiales nous offre des outils précieux pour reconnaître et se protéger de ces influences néfastes. Merci pour ce guide pratique et réfléchi qui nous aide à mieux naviguer dans nos relations familiales. C'est un sujet difficile, mais tu l'as traité avec beaucoup de sensibilité et d'expertise.
Bonjour Dieter,
C'est effectivement un sujet difficile qui concerne directement la qualité de notre bien-être et de notre sécurité intérieure.
Merci beaucoup pour ton retour.
Article instructif et utile pour mieux comprendre les relations dans sa famille. Pas toujours simple d avoir un regard avec du recul sur l analyse des relations dans la famille.
De bons conseils pour mieux interagir avec ses proches !
Bonjour Stan, merci pour votre retour.
Merci pour cet article très intéressant et instructif. Les schémas relationnels familiaux toxiques peuvent causer des dégâts à long terme, et il n'est pas toujours facile de les identifier et de s'en libérer. En tant que maman, cet article me pousse à me questionner sur mes propres relations avec mes enfants. Merci pour cette remise en question.
Bonjour Jeanne,
AHAH.. effectivement en tant que parent ça raisonne aussi en nous. Je pense qu'il est super important d'analyser notre vécu pour mieux repérer ce que l'on transmet. Nous sommes de nombreux parents à faire de notre mieux, je pense qu'il est nécessaire de prendre du temps pour travailler sur soi lorsque nous avons des prises de consciences comme celle ci. Affûtons nos outils ;). Je reste disponible si besoin. Merci pour votre retour.
Merci pour cet article. Il est tellement agréable d'avoir une famille bienveillante et soutenante à ses côtés.
Je me pose une question concernant les sous-entendus : ne peuvent-ils pas venir de l'interprétation faite ?
Par exemple, pour ma part, lorsque j'utilise l'expression "j'ai l'impression que ..." je parle de MON ressenti, que je cherche à valider ou non auprès de l'autre. Qu'en penses-tu ?
Bonjour Dominique,
merci pour ta question et ton retour. Oui effectivement la lecture que nous allons faire des sous entendus est importante. Je crois comprendre ton questionnement. Dans une famille avec un fonctionnement sain, nous pourrons demander à notre interlocuteur de préciser sa pensée ou son ressenti. La communication est un sujet délicat et comme tu le soulignes bien, peut donner lieu à des interprétations hasardeuses. Nous sommes invités, et en CNV nous invitons même l'autre, à préciser son ressenti. Quand tu dis " j'ai l'impression de.." tout dépend ce que tu mets derrière. Dans l'exemple de l'article: "J’ai l’impression que.." est suivi d'un jugement "tu nous évites en ce moment…". Lorsque l'on parle d'un ressenti, de quelque chose de personnel, ce qui suit ne dois pas pouvoir être interprété comme un jugement ou une évaluation. Si nous voulions reformuler l'exemple à la manière de la CNV nous pourrions, par exemple, dire "Tu me manques",ou encore "J'aimerai te voir plus souvent"
Ai je répondu à ta question ?
bien à toi :)
Merci Stéphanie pour cet article intéressant et très utile. Il résonne particulièrement en moi. Il me renvoie à mes propres problèmes. Un travail plus en profondeur m'attend. Merci d'avoir permis de soulever le couvercle...
Bonjour Laura,
Je suis ravie d'avoir pu t'être utile. Si je peux me permettre, il est bon de savoir se faire accompagner à certaines étapes dans ce travail sur soi. Je reste disponible si tu en ressens le besoin. Merci pour ton retour.
Merci pour cet article. Il est vrai que même au sein de la famille certains comportements toxiques peuvent apparaitre. Et même plus insidieux : nous pouvons parfois nous-même adopter un comportement toxique pour des membres de notre famille sans même nous en rendre compte. Il est très important d'être aux petits soins pour les membres de notre famille car c'est notre dernier refuge. Mais quand l'amour sincère est présent, le principal est là !