Cesser la rumination pour notre bien etre mental

Qu’est-ce que la rumination ?

La rumination est un phénomène psychologique très courant. Il s’agit des pensées négatives et obsédantes qui reviennent en boucle dans notre esprit. Souvent déclenchée par un problème ou une situation difficile, la rumination nous pousse à ressasser inlassablement les mêmes idées sombres. Alors comment pouvons-nous cesser de ruminer ?

Comme le souligne le médecin Bernard Anselem dans son livre « Je rumine, tu rumines… nous ruminons » : « La rumination est cette tendance à ressasser indéfiniment les mêmes pensées négatives, généralement liées à une expérience désagréable du passé. »

Tout d’abord, la rumination peut apparaître comme un moyen de faire face. Nous essayons de comprendre et de résoudre un problème. Cependant, cette tournure d’esprit devient rapidement contre-productive et même toxique pour notre bien-être.

Les mécanismes de la rumination

Dans son ouvrage, Le Dr Anselem explore en profondeur les rouages psychologiques et émotionnels de la rumination. Il identifie deux processus mentaux clés qui l’alimentent :

  1. Le raisonnement persévératif : C’est cette incapacité à « décrocher » d’une pensée négative, comme si notre esprit restait bloqué. Nous ressassons sans cesse les mêmes évènements. Par exemple, une situation, où nous allons analyser tous nos faits et gestes, pour savoir s’ils étaient adaptés ou non.
  2. L’attention auto-focalisée : C’est cette tendance à porter une attention excessive à nos émotions, pensées et comportements négatifs, amplifiant ainsi leur impact. C’est un peu comme en hypnose, plus nous allons nous focaliser sur un aspect plus nous allons contribuer à l’amplifier. Il en va de même avec nos émotions, notre tristesse ou notre anxiété va croître si on l’alimente.

Le Docteur souligne aussi le rôle central des schémas émotionnels profonds, souvent hérités de l’enfance. Nos peurs et insécurités de base, comme la peur de l’abandon ou le sentiment d’incompétence, sont de puissants moteurs de rumination. Nous ne sommes pas égaux quant à l’héritage qui nous à été transmis. Notre enfance a été un terreau fertile dans lequel se sont semées toutes sortes de graines et d’habitudes.

Cesser de ruminer : Les solutions concrètes

Bien heureusement, pour cesser de ruminer le Dr Anselme ne se contente pas de décrire le problème, mais propose aussi une panoplie d’outils pratiques issus des thérapies cognitivo-comportementales. En voici quelques-uns :

1. Prendre du recul

Dans un premier temps, des exercices de pleine conscience et de connexion avec l’instant présent sont tout indiqués. Nous pouvons favoriser la création d’un espace dans lequel nous apprendrons à écouter. Observer les pensées négatives qui tournent dans notre esprit en nous en distanciant est possible. Petit à petit nous allons réaliser que nous ne sommes pas nos pensées.

2. Reprogrammer ses schémas émotionnels

Un travail sur soi et sur ce que j’appelle le « prêt-à-penser » est nécessaire. Bien sûr, nous devons remettre en question nos croyances limitantes et apaiser nos insécurités émotionnelles profondes. Car ce sont ces schémas inconscients qui alimentent la rumination.

3. Rediriger son attention à l’aide de la vigilance

Plutôt que de laisser notre attention happée par les pensées négatives, on peut entraîner notre « muscle attentionnel » à se focaliser sur des aspects plus positifs et constructifs. J’ai appris cette notion auprès des bouddhistes Tibétains. Notamment, au sujet de la méditation du calme mental « Shiné ». La vigilance permet de vérifier que l’esprit demeure correctement posé sur son objet de méditation, dans le cadre de la méditation concentration. Ici c’est la même chose, il s’agit de vérifier où se pose notre attention. Quel genre de pensée sommes nous en train d’alimenter en ce moment ? Dans le cas ou la pensée serait « rumination », nous pouvons alors choisir de déplacer notre attention sur un sujet positif ou une façon de voir les choses plus constructive.

4. Cultiver l’acceptation

Le changement ne se fera pas du jour au lendemain. Dans un premier temps, nous pouvons simplement accueillir avec bienveillance ce qui est. Comme le dit le Docteur Anselem : « Accueillir ses ruminations avec une attitude d’ouverture et de non-jugement, c’est déjà commencer à s’en libérer. » C’est aussi avec cet esprit-là que nous procédons en hypnose humaniste. Toutes nos ombres s’estompent lorsqu’elles sont mises en lumière -portées à la conscience.

5. Se fixer des objectifs motivants

Un autre puissant antidote à la rumination est l’enthousiasme. Lorsque nous sommes animés par une vision inspirante de ce que nous voulons créer. Avoir des projets et des buts enthousiasmants pour notre vie.

Cesser de ruminer : Un livre précieux, à enrichir d’autres approches

Cesser la rumination esprit léger Ballon ciel

En définitive, « Je rumine, tu rumines… nous ruminons » de Bernard Anselem offre des clés précieuses pour comprendre et dépasser le phénomène si répandu de la rumination mentale. Les nombreux outils concrets issus des TCC qu’il propose, comme la pleine conscience, la réattribution cognitive ou le recadrage des objectifs, sont directement applicables au quotidien pour améliorer notre bien-être.

Cependant, l’approche du Docteur gagnerait, à mon avis, à être enrichie par des éclairages complémentaires. La psychanalyse par exemple, en explorant les racines inconscientes des ruminations dans l’histoire de la personne. Mais aussi l’approche de l’hypnose humaniste proposée par Olivier Lockert et Patricia d’Angely. En effet, en pleine conscience, la pratique de l’hypnose permet un accès privilégié aux émotions refoulées qui sous-tendent nos comportements. Tout ceci vient, selon moi, encore approfondir la prise en charge.

Il me semble également, qu’on gagnerait beaucoup à combiner les apports des différents courants. J’aime l’idée que nous puissions nous orienter vers des accompagnements thérapeutiques plus intégratifs. Les défis de la rumination et du bien-être mental en général méritent d’être abordés sur tous les fronts. C’est, je pense, grâce à cette ouverture que nous pouvons espérer nous libérer pleinement et durablement.

Au plaisir d’avoir vos retours,

Stéphanie